Comprendre et apaiser la susceptibilité
- Dr Saverio Tomasella

- 2 déc.
- 3 min de lecture
La susceptibilité, cette propension à se sentir blessé ou vexé face à certaines paroles ou situations, intrigue. Pourquoi certains réagissent-ils si vivement à des remarques anodines ? Comment expliquer et adoucir cette réactivité émotionnelle ? Voici les mécanismes qui sous-tendent la vexation, puis quelques pistes pour mieux la vivre au quotidien.
Les causes de la susceptibilité : entre neurobiologie, vécu et attentes
1. Une neuroception perturbée
Selon la théorie polyvagale de Stephen Porges, notre système nerveux peut percevoir des menaces là où il n’y en a pas. Cette « neuroception » brouillée déclenche alors des réactions de défense, telles que la vexation ou le repli sur soi. Les personnes hautement sensibles, ou ayant vécu des traumatismes, sont souvent en état d’hypervigilance : elles interprètent des paroles innocentes comme des critiques ou des rejets.
2. Des blessures anciennes non résolues
L’histoire personnelle joue un rôle majeur. Des expériences d’abandon, de rejet, de moquerie ou d’humiliation dans l’enfance peuvent laisser des traces durables. Un adulte ayant été fréquemment rabaissé étant enfant aura tendance à réagir vivement à la moindre remarque, même bienveillante.
3. Une difficulté à réguler les émotions
Souvent, la vexation surgit de manière automatique, avant même que l’on ait conscience de la situation. Cela traduit un déséquilibre dans le système nerveux : le système sympathique domine, tandis que le nerf vague ventral (associé à l’apaisement et à la connexion) reste peu actif. Le cortex préfrontal, qui régule les émotions, se trouve court-circuité par l’amygdale, surtout en période de fatigue ou de stress.
4. Des attentes implicites déçues
Certaines personnes nourrissent de fortes attentes relationnelles : elles recherchent la reconnaissance, le respect, la validation. Lorsqu’elles ne trouvent pas cette réponse chez l’autre, la vexation surgit comme un signal d’alerte.
5. L’influence de la culture et de l’éducation
Dans certains milieux, la susceptibilité s’apprend comme un moyen de se protéger ou de s’affirmer. Exprimer son indignation ou son choc devient une preuve d’engagement et d’appartenance.
Comment transformer cette réaction ?
Pour la personne concernée
Prendre conscience de ses déclencheurs
Tenir un journal des vexations, noter les situations, les émotions, les réactions physiques (palpitations, chaleur au visage) permet d’identifier les schémas récurrents.
Questionner la réaction
Se demander : « Cette réaction me protège-t-elle ou me limite-t-elle ? En ai-je vraiment besoin ? »
Passer du temps avec des personnes ou des animaux qui inspirent confiance aide à recalibrer le système nerveux.
Pratiques corporelles
Respirer lentement, pratiquer le yoga doux ou la marche en conscience active le nerf vague ventral, propice au calme.
Développer la pause réflexive
Avant de réagir, s’entraîner à se dire : « Je ressens cela, mais je ne vais pas agir tout de suite » ou « Je vais y réfléchir et en reparler plus tard. » Prendre le temps de souffler, se taire, pour créer un espace entre le déclencheur et la réaction.
Revisiter ses blessures anciennes
En thérapie, explorer les angoisses infantiles (abandon, humiliation, rejet, moqueries, harcèlement) permet de désamorcer leur impact aujourd’hui.
Pratiquer l’autocompassion
Se parler avec douceur, comme à un enfant blessé : « Ma réaction a du sens, mais je ne suis plus dans cette situation aujourd’hui. »
Pour l’entourage
Éviter les jugements
Remplacer « Tu es trop susceptible » par « Je vois que cela t’a touché·e, veux-tu en parler ? »
Valider l’émotion avant le contenu
Dire : « Je comprends que cela t’ait blessé·e, même si ce n’était pas mon intention. »
Proposer des retours constructifs
Suggérer : « Quand tu réagis ainsi, je me sens tendu·e. Pourrait-on en parler calmement plus tard ? »
Des exercices doux pour s’apaiser
Lettre à soi-même
Écrire une lettre à l’enfant en soi, reconnaître la souffrance et offrir des mots de réconfort : « Tu as peur d’être rejeté·e ; je suis là pour te protéger. »
Visualisation de fiabilité
S’imaginer dans un lieu sûr (forêt, montagne, rivière), inviter son enfant intérieur et lui dire : « Ici, tu peux te détendre, te reposer. »
Rituel de transition
Après une vexation, se recentrer pendant une à deux minutes : poser une main sur le cœur, l’autre sur le ventre, respirer lentement et se répéter : « Je suis ici, maintenant, en paix avec moi-même. »
La susceptibilité n’est pas une fatalité : elle est souvent le reflet d’une histoire personnelle et d’une sensibilité particulière. En comprenant ses racines et en adoptant des stratégies d’apaisement, il devient possible de mieux vivre ses émotions et d’améliorer ses relations. La douceur, la patience et l’écoute sont les clés pour transformer la vexation en une opportunité de croissance personnelle.



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