Depuis plus de 25 ans, mes recherches concernent toutes les formes de sensibilité, et plus particulièrement la sensibilité élevée (ultrasensibilité ou haute sensibilité) chez les enfants, les adolescents et les adultes, quelles que soient ses origines. Elles mettent en valeur la très grande diversité des sensibilités, en distinguant nettement l’hypersensibilité, mal vécue, source de souffrance et liée à des troubles physiques ou psychiques (voir la section FAQ), de l’ultrasensibilité ou haute sensibilité, bien vécue, centrée sur les synesthésies, la sociabilité, l’empathie, l’intuition et la créativité.
Dans le monde francophone, un consensus de thérapeutes et de chercheurs a pu se former autour de l’appellation “Haut Potentiel Sensible” (HPS), pour mettre en valeur la haute sensibilité ou sensibilité élevée comme un trésor précieux à développer, protéger et déployer dans tous les aspects de sa vie. Depuis deux ans, ce consensus privilégie l'appellation "haute sensibilité".
Quelques informations importantes sur la haute sensibilité
* Les concepts de haute sensibilité et de personne hautement sensible (PHS) ont été proposés par Elaine Aron en 1996.
* Malgré une récente habitude française, il vaut mieux parler de haute sensibilité, de grande sensibilité ou d’ultrasensibilité pour désigner les sensibilités plus élevées que la moyenne.
Hyper est un préfixe péjoratif qui désigne un excès, au contraire de ultra qui est valorisant et laudatif. Au 19e siècle, les artistes et les poètes comme Baudelaire utilisaient déjà les mots "ultrasensible" et "ultrasensibilité".
- Hyper = trop, un excès de
- Ultra = très, le degré le plus élevé de
Hypersensibilité est un terme médical, synonyme d’allergie ou d’intolérance.
Hypersensible est devenu une étiquette surutilisée, y compris par des personnes qui ne sont pas ultrasensibles.
Elaine Aron elle-même nous invite à employer, comme tous les anglo-saxons, les appellations "haute sensibilité" et "personne hautement sensible".
Ses arguments sont les mêmes que les miens. Elle insiste sur la nécessité de distinguer la haute sensibilité de l'hypersensibilité. “Hyper” indique que quelque chose est trop ou anormalement élevé. L'hypersensibilité fait partie de divers troubles tels que l'allergie, l'asthme, l'eczéma, le psoriasis, le syndrome du côlon irritable, les troubles du spectre autistique, la neurasthénie et la schizophrénie (voir la FAQ).
* Les chercheurs estiment qu'environ 30 % de la population est très sensible (hautement sensible).
Deux études de 2018 donnent 31 % de personnes dans le monde ; la moitié des personnes particulièrement sensibles le vit bien (selon une étude de 2019).
1) Etude sur des adultes :
Lionetti, F., Aron, A., Aron, E. N., Burns, G. L., Jagiellowicz, J., & Pluess, M. (2018). Dandelions, tulips and orchids: evidence for the existence of low-sensitive, medium-sensitive and high-sensitive individuals. Translational Psychiatry, 8(1). doi:10.1038/s41398-017-0090-6
2) Etude sur des enfants de 10 à 15 ans :
Pluess, M. Assary, E. Lionetti, F. Lester, K. Krapohl, E. Aron, E. & Aron, A. (2018). Environmental Sensitivity in Children: Development of the Highly Sensitive Child Scale and Identification of Sensitivity Groups, Developmental Psychology, Vol. 54, No 1, p. 51–70.
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* Contrairement aux idées reçues, avoir une âme sensible, ou être une âme sensible, est une merveilleuse qualité ! Oui, la sensibilité est l'avenir du monde. Personne n'est trop sensible, car personne n'est jamais trop vivant ou trop humain. Notre sensibilité est notre force. Nous n'avons rien à faire, simplement être.
* Les personnes hautement sensibles ou fort sensibles n'ont pas besoin de s'adapter aux critères et aux normes du reste de la population : elles peuvent vivre telles qu'elles sont, fières de leur sensibilité particulière.
* ll existe mille et une façons d’être hautement sensible.
Une haute sensibilité est caractérisée par une rapide sur-stimulation qui débouche sur une saturation et un besoin de repos. Elle peut se manifester sous plusieurs formes : sur-esthésie, sur-émotivité, sur-empathie, sur-cognition ou sur-réaction (traumatique le plus souvent, ou due à une maladie, un burn out, un bouleversement hormonal).
Une sensibilité élevée comprend au moins deux de ces formes, parfois plus, alors que dans le langage courant on associe seulement les deux premières (sensations + émotions).
* Au-delà des synonymes, nécessaires pour désigner la complexité très nuancée des sensibilités élevées et atypiques, il existe un lien fondamental, essentiel, intrinsèque, entre sensibilité et intelligence. Notre intelligence se développe forcément à partir de notre sensibilité. Voilà pourquoi je parle d’intelligence sensible et affirme que les ultrasensibles sont des surdoués de la sensibilité.
Extrait
"Une des premières sources d'exacerbation mal vécue de la sensibilité provient simplement du dépassement d'un seuil qui correspond à ce qui, pour chacun, est la limite entre ce qu'il est possible de supporter et ce qu'il n'est pas possible de supporter. Au-delà de ce qui nous est supportable, nous pouvons devenir intolérants : à la douleur, à la lumière, au bruit, au travail, au changement, à la réflexion, à la présence de l'autre, sa parole, son odeur, etc. Nous pouvons perdre patience et nous sentir envahis d'émotions incontrôlables. Ce seuil de tolérance est d'autant plus bas que nous sommes fatigués, saturés, surmenés ou déjà affectés par une épreuve (traumatisme ou deuil, au sens large)."
Saverio Tomasella, Hypersensibles : Trop sensibles pour être heureux , Eyrolles.










