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Saverio Tomasella

Docteur en management, docteur en psychologie clinique, chercheur,

conférencier et écrivain. 

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 © Eyrolles

Doctor in management, doctor in clinical psychology, researcher in psychopathology, conference speaker, writer.

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La haute sensibilité, HPS ou sensibilité élevée

BD Ultrasensibles sur la haute sensibilité  (HPS)

​Cette BD propose le test le plus récent.

Livre : Lettre ouverte aux âmes sensibles (HPS)
 Livre : Ultrasensibles au travail (HPS)
Livre sensibilité et amour : Attention coeurs fragiles (HPS)
Guide : 50 exercices pour les ultrasensibles (HPS)

Depuis plus de 25 ans, je m'intéresse à toutes les formes de sensibilité, plus particulièrement à l'ultrasensibilité ou haute sensibilitéchez les enfants, les adolescents et les adultes. Mes recherches ont mis en évidence une très grande diversité des sensibilités, en distinguant nettement l’hypersensibilité, souvent mal vécue et liée à des troubles physiques ou psychiques (voir la section QR après le test), de la haute sensibilité ou ultrasensibilité, mieux vécue, centrée sur les synesthésies, l'écoute, l’empathie, l’intuition et la création.

Dans le monde francophone, un consensus récent a pu se former autour de l’appellation Haut Potentiel Sensible (HPS), afin de mettre en valeur la haute sensibilité ou sensibilité élevée comme un trésor précieux à développer, protéger et déployer dans tous les aspects de l'existence.

 

Quelques informations importantes sur la haute sensibilité

* Les concepts de "haute sensibilité" et de "personne hautement sensible" (PHS) ont été proposés par Elaine Aron en 1996.

* Malgré l'habitude française récente, il vaut mieux parler de haute sensibilité, de grande sensibilité ou d’ultrasensibilité pour désigner les sensibilités plus élevées que la moyenne.

Hyper est un préfixe péjoratif qui désigne un excès, au contraire de ultra qui est valorisant et laudatif. Les poètes comme Baudelaire utilisaient déjà le mot "ultrasensibilité" au 19e siècle.

   - Hyper = trop, un excès de

   - Ultra = très, le degré le plus élevé de

Hypersensibilité est un terme médical, synonyme d’allergie ou d’intolérance.

Hypersensible est devenu une étiquette surutilisée, y compris par des personnes qui ne sont pas ultrasensibles.

 Elaine Aron elle-même nous invite à employer, comme tous les anglo-saxons, les appellations "haute sensibilité" et "personne hautement sensible".

 Ses arguments sont les mêmes que les miens. Elle insiste sur la nécessité de distinguer la haute sensibilité de l'hypersensibilité. “Hyper” indique que quelque chose est excessif ou anormalement élevé. L'hypersensibilité fait partie de divers troubles tels que l'allergie, l'asthme, l'eczéma, le psoriasis, le syndrome du côlon irritable, les troubles du spectre autistique, la neurasthénie, l'hyperactivité, la dépression, la manie et la schizophrénie

* Les chercheurs estiment qu'environ 30 % de la population est très sensible (hautement sensible).

Deux études de 2018 donnent 31 % de personnes dans le monde ; la moitié des personnes particulièrement sensibles le vit bien (selon une étude de 2019).

            1) Etude sur des adultes :

Lionetti, F., Aron, A., Aron, E. N., Burns, G. L., Jagiellowicz, J., & Pluess, M. (2018). Dandelions, tulips and orchids: evidence for the existence of low-sensitive, medium-sensitive and high-sensitive individuals. Translational Psychiatry, 8(1). doi:10.1038/s41398-017-0090-6    

            2) Etude sur des enfants de 10 à 15 ans :

Pluess, M. Assary, E. Lionetti, F. Lester, K. Krapohl, E. Aron, E. & Aron, A. (2018). Environmental Sensitivity in Children: Development of the Highly Sensitive Child Scale and Identification of Sensitivity Groups, Developmental Psychology, Vol. 54, No 1, p. 51–70.

* Contrairement aux idées reçues, avoir une âme sensible, ou être une âme sensible, est une merveilleuse qualité ! Oui, la sensibilité est l'avenir du monde. Personne n'est trop sensible, car personne n'est jamais trop vivant ou trop humain. Notre sensibilité est notre force. Nous n'avons rien à faire, simplement être.

 

* Les personnes hautement sensibles ou fort sensibles n'ont pas besoin de s'adapter aux critères et aux normes du reste de la population : elles peuvent vivre telles qu'elles sont, fières de leur sensibilité particulière.

 

* ll existe mille et une façons d’être hautement sensible.

Une haute sensibilité est caractérisée par une rapide surstimulation qui débouche sur une saturation et un besoin de repos.

 

* Un lien fondamental, essentiel, intrinsèque existe entre sensibilité et intelligence. Notre intelligence se développe forcément à partir de notre sensibilité. Voilà pourquoi je parle d’intelligence sensible et affirme que les ultrasensibles sont des surdoués de la sensibilité.

 

Extrait

"Une des premières sources d'exacerbation de la sensibilité provient simplement du dépassement d'un seuil qui correspond à ce qui, pour chacun, est la limite entre ce qu'il est possible de supporter et ce qu'il n'est pas possible (ou ne semble pas possible) de supporter. Au-delà de ce qui nous est supportable, nous pouvons devenir intolérants : à la douleur, à la lumière, au bruit, au travail, au changement, à la réflexion, à la présence de l'autre, sa parole, son odeur, etc. Nous pouvons perdre patience et nous sentir envahis d'émotions incontrôlables. Ce seuil de tolérance est d'autant plus bas que nous sommes fatigués, saturés, surmenés ou déjà affectés par une épreuve."

Saverio Tomasella, Hypersensibles : Trop sensibles pour être heureux ?, Eyrolles.

Accompagner les enfants hautement sensibles

La haute sensibilité, aussi appelée "Sensory Processing Sensitivity" (SPS), est un trait de personnalité identifié en 1996 par la psychologue étasunienne Elaine Aron [1]. Les personnes ultrasensibles ou hautement sensibles (PHS) représentent environ 30 % de la population. Elles sont caractérisées par une réactivité plus forte aux stimuli externes et internes, une sensibilité émotionnelle accrue et une vie intérieure riche [2]. Ce trait concerne autant les femmes que les hommes, autant les garçons que les filles.

Le cerveau d’une personne hautement sensible est-il différent ?

Même si le cerveau d’un ultrasensible n’est pas différent, voici quelques spécificités cérébrales observées chez les personnes hautement sensibles :

  1. Traitement en profondeur. Les ultrasensibles traitent les informations de manière plus approfondie que les autres. Ils utilisent davantage de zones cérébrales pour faire des distinctions fines, ce qui peut conduire à une meilleure prise de décision et une planification plus réfléchie [3].

  2. Surstimulation et saturation. Ces personnes sont plus sensibles aux stimuli tels que la lumière, le bruit, les odeurs, les textures, les excitants, le sucre, ainsi qu’au plaisir et à la douleur. Leur cerveau traite ces stimuli de manière plus intense, ce qui peut entraîner une surstimulation plus rapide, donc une saturation.

  3. Activité cérébrale au repos. Même au repos, le cerveau des personnes hautement sensibles reste actif. Des études montrent que les ultrasensibles continuent de traiter les informations profondément, même lorsqu'ils ne sont pas engagés dans une tâche spécifique [4].

  4. Forte réactivité émotionnelle. Les individus hautement sensibles ont une réactivité émotionnelle plus élevée. Ils sont plus fortement et plus durablement affectés par les émotions, ce qui peut les rendre plus empathiques mais aussi plus vulnérables au stress et à l'anxiété.

  5. Empathie et conscience sociale. Les ultrasensibles montrent une activité accrue dans les zones cérébrales liées à l'empathie et à la lecture des signaux sociaux (ce qui se passe dans une relation). Cela les rend plus conscients des besoins et des émotions des autres, ce qui peut être à la fois un avantage et une source de stress [5].

  6. Sensibilité avantageuse. Les personnes hautement sensibles répondent davantage aux contextes favorables et aux situations propices. Cela signifie qu’elles bénéficient plus des environnements enrichissants et soutenants. Du fait de cette « susceptibilité différentielle », les ultrasensibles sont plus affectés par les influences environnementales, qu'elles soient positives ou négatives [6].

Une étude menée par Elaine Aron et ses collègues en 2014 à l'Université de Stony Brook (New York) a exploré les bases neuronales de la haute sensibilité. Grâce à l'imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf), l'activité cérébrale des personnes hautement sensibles a pu être observée. Les résultats montrent que leur cerveau réagit plus fortement aux stimuli, en particulier dans les régions associées à la conscience, à l'empathie, à la douleur et aux émotions, comme l'insula, les neurones miroirs et le cortex cingulaire antérieur [7].

Ces différences cérébrales et fonctionnelles montrent que la haute sensibilité est un trait neurobiologique qui influence profondément la manière dont les personnes ultrasensibles perçoivent et interagissent avec le monde.

 

Comment la haute sensibilité se manifeste chez un enfant ?

Les manifestations varient d’un enfant à l’autre. Il existe néanmoins plusieurs indicateurs communs qui peuvent aider à identifier ce trait.

  1. Les enfants ultrasensibles ont tendance à réfléchir profondément et à poser des questions perspicaces. Ils remarquent des détails subtils dans leur environnement que les autres enfants ne perçoivent pas.

  2. Ces enfants peuvent être particulièrement sensibles aux stimuli sensoriels tels que les bruits forts, les lumières vives, les textures de certains vêtements, les odeurs. Ils peuvent se sentir submergés dans des environnements très stimulants.

  3. Après une journée à l'école ou dans un environnement stimulant, les enfants hautement sensibles sont épuisés. Ils ont besoin de temps seul pour se ressourcer.

  4. Ils peuvent préférer jouer seuls ou dans un environnement calme bien organisé, plutôt que dans des groupes bruyants et chaotiques.

  5. Les enfants ultrasensibles remarquent des changements subtils dans leur environnement ou dans l'apparence des gens. Ils se montrent très attentifs aux détails dans les histoires ou les images.

  6. Les enfants hautement sensibles peuvent réagir vigoureusement à des situations qui semblent moins impliquantes pour d’autres. Ils peuvent pleurer facilement, se mettre en colère ou être profondément affectés par des critiques ou des reproches.

  7. Ces enfants expriment souvent une profonde compassion envers les autres. Ils peuvent être très conscients des sentiments des autres et chercher à les écouter, les comprendre, les réconforter.

  8. Une sensibilité accrue à la douleur (physique et morale) est un signe courant. Ils peuvent réagir de manière exacerbée à des blessures apparemment mineures.

  9. Les enfants hautement sensibles sont fortement perturbés par les conflits, même par des disputes concernant d’autres personnes, y compris inconnues. Ils ne supportent pas l’injustice, la violence, la brutalité et la trivialité.

  10. Les enfants ultrasensibles bénéficient d’une vie imaginaire très riche. Ils s’émerveillent devant la beauté de la nature ou de l’art. Ils apprécient de pouvoir exprimer leur créativité dans leurs jeux et leurs activités.

Ces signes peuvent aider les parents et les éducateurs à reconnaître la haute sensibilité chez un enfant et à adapter leur approche pour mieux répondre à ses besoins.

Quelles sont les difficultés au quotidien pour les enfants ultrasensibles ?

En pratique, quelques complications peuvent découler de leur sensibilité élevée.

  1. Les environnements bruyants, lumineux ou agités, comme les écoles ou les centres commerciaux, peuvent facilement submerger les enfants hautement sensibles. Cela peut entraîner de la fatigue, de l'irritabilité ou même des crises de colère.

  2. Du fait de leur traitement profond et continu des stimuli, les enfants ultrasensibles se fatiguent plus rapidement que les autres. Ils ont besoin de plus de temps seuls pour se reposer et se ressourcer.

  3. Leur tendance à être conscients des détails peut les rendre plus anxieux. Ils sont perturbés par les situations nouvelles ou des changements dans leur routine.

  4. Ces enfants peuvent avoir du mal à s'intégrer dans des groupes ou à participer à des activités sociales en raison de leur réactivité aux dynamiques sociales et aux émotions des autres. Ils se sentent parfois en décalage, voire incompris.

  5. La pression scolaire et l’environnement très stimulants des salles de classe sont difficiles à vivre. Un coin refuge dans la classe leur permet de se reposer dès qu’ils en ont besoin.

  6. Leur esprit actif et leur réactivité aux stimuli peuvent compromettre l'endormissement ou le maintien d'un sommeil profond.

  7. Leur tendance à remarquer les détails et à vouloir tout faire correctement peut les amener à devenir perfectionnistes, ce qui constitue une source de tension et de frustration.

  8. Les changements d’habitudes ou les transitions entre les activités peuvent être perturbants pour eux, car ils ont besoin de plus de temps pour s'adapter.

La haute sensibilité chez les enfants présente aussi des atouts importants.

  • Leur capacité à traiter profondément les informations stimule leur créativité. Ils peuvent exceller dans la peinture, le dessin, la musique, l'écriture et d'autres formes d'expression créative.

  • Leur sensibilité accrue aux émotions et aux besoins des autres peut en faire d'excellents amis, capables de compassion.

  • Leur aptitude à capter des informations subtiles se traduit par une intuition forte.

  • Leur sensibilité aux stimuli environnementaux les rend plus enclins à prendre soin de la nature et des espaces dans lesquels ils vivent.

  • Ces enfants font souvent preuve d’une grande maturité.

En valorisant ces forces, les parents et les éducateurs peuvent aider les enfants ultrasensibles à utiliser leur particularité comme un ensemble de ressources pour leur vie quotidienne.

 

Quelle est la probabilité qu’un parent transmette ce trait à son enfant ?

La question de l'hérédité de la haute sensibilité est complexe. Les recherches dans ce domaine sont encore limitées et controversées.

Des études limitées indiquent une possible origine génétique, concernant par exemple des variations de certains gènes, comme ceux impliqués dans l’utilisation de la sérotonine. Cela suggère que la sensibilité pourrait être héritée, au moins en partie. Cette hérédité est estimée autour de 40 %. Même si un enfant hérite d'une prédisposition génétique à la haute sensibilité, l'expression de ce trait est aussi influencée par des facteurs environnementaux.

Des chercheurs comme Michael Pluess en Grande-Bretagne continuent d'explorer la piste génétique de la haute sensibilité et l’influence indéniable de l'environnement [8].

Quelle que soit son origine, la haute sensibilité ou ultrasensibilité concerne 30 % des enfants. Pour aider ces enfants ultrasensibles, il est important que les parents et les enseignants comprennent leur haute sensibilité, en les acceptant tels qu’ils sont et en les soutenant.

Un programme Erasmus de la Communauté Européenne prépare un guide à destination des éducateurs, disponible gratuitement sur le site Fragile Power [9].

 

Saverio Tomasella, docteur en psychologie clinique, psychanalyste.

  • J’aide mon enfant ultrasensible à s’épanouir, Leduc, 2018.

  • Lettre ouverte aux âmes sensibles qui veulent le rester, Larousse, 2021.

  • Ultrasensibles (BD), Vuibert, 2024.

 

[1] https://hsperson.com/  Elaine Aron, Michael Pluess et les chercheurs internationaux parlent de « haute sensibilité » et non d’hyper-sensibilité.

[2] https://www.psychologytoday.com/us/basics/highly-sensitive-person

[3] https://aeon.co/essays/what-does-it-mean-to-be-a-highly-sensitive-person

[4] https://highlysensitiverefuge.com/hsp-brains-process-everything-deeply-even-at-rest-study-finds/

[5] https://highlysensitiverefuge.com/highly-sensitive-person-signs/

[6] https://huntingtonpsych.com/the-highly-sensitive-person-hsp-a-deep-dive-into-sensory-processing-sensitivity

[7] https://www.sciencedaily.com/releases/2014/06/140623091828.htm

[8] https://huntingtonpsych.com/the-highly-sensitive-person-hsp-a-deep-dive-into-sensory-processing-sensitivity

[9] www.fragile-power.eu/fr/about-the-project-fr

 * * *

Révolution sensible, révolution féministe

L’ultrasensibilité est bien plus qu’une notion à la mode, mais la capacité de changer le monde !

Un texte de Vanessa Krstic, pour New Witch (04/2022).

 

Vous êtes à fleur de peau ? Les sons, lumières ou odeurs vous indisposent facilement ? L’injustice vous rend malade, le manque d’authenticité vous gêne ? La nature, les animaux et l’art apaisent vos maux ? Vous manquez de confiance ? Vous vous sentez fatiguée après un coup de stress ou trop de stimulation ? Vous débordez de créativité... ? Sans doute faites-vous partie des 20 millions de français hypersensibles, ou plutôt ultrasensibles, comme préfère les appeler Saverio Tomasella, psychanalyste et auteur*, pour qui le préfixe « hyper » est porteur d’une notion (péjorative) d’excès. Reste que si l’ultrasensibilité fût longtemps associée à une forme de faiblesse, elle est aujourd’hui l’expression d’une force à canaliser qui pourrait bien participer à l’avènement d’un monde meilleur. Un monde plus respectueux du vivant, plus ouvert aux mystères de la nature comme à la spiritualité laïque, et au féminin sacré présent en chaque être.

 

Une histoire de (la) sensibilité

Contrairement aux idées reçues, la sensibilité exacerbée n’a pas toujours été socialement rejetée. Comme le rappelle Saverio Tomasella, elle était même à l’honneur du XVIe au XVIIIe siècle dans les milieux cultivés : « Verser des larmes avec sincérité montrait la capacité à éprouver les sentiments humains. Un homme incapable de pleurer en public était perçu comme mal éduqué. Cela a changé à la fin du XVIIIe siècle, après que Napoléon Bonaparte instaura le Code Civil français et, avec lui, l’incapacité juridique de la femme mariée... signant le retour à un patriarcat féroce. La Révolution française n’a pas aidé : un nouveau modèle, dicté par la productivité, la rentabilité et le profit a connecté l’homme à un référentiel mécanique, et non plus humain. » Forcément, ce système tenu par les hommes a renforcé le machisme, éradiquant le droit à la sensibilité chez les hommes, et l’assimilant à l’« hystérie féminine ». Il faudra attendre 1996 pour que la psychologue et chercheuse en psychologie américaine Elaine Aron ne définisse le concept de « haute sensibilité », et quasiment vingt ans de plus pour que l’on commence à en parler en France comme d’une force, pas toujours facile à assumer.

 

Une question de genre ?

Les études le montrent : il y a autant d’hommes que de femmes ultrasensibles. D’ailleurs, selon une étude IPSOS réalisée pour Gilette en 2019, 87% des Français se considèrent comme sensibles, et 84% pensent qu’« être un homme sensible est positif, il faut en finir avec les stéréotypes ». Belle avancée ! Pourtant, selon Saverio Tomasella, si de plus en plus d’hommes osent avouer leur ultrasensibilité, il existe encore une différence dans l’expression des émotions masculines et féminines... et la biologie n’est pas en cause. Selon l’expert, beaucoup d’hommes restent encore attachés à l’idée qu’ils ne doivent pas pleurer. Mieux vaut se montrer en colère, histoire d’exprimer sa sensibilité avec virilité ! Et nous ? Il suffit de manifester une pointe d’agressivité pour être taxée de folle furieuse et accusée d’avoir « pété les plombs ». Mais les lignes bougent, se croisent et se décroisent en permanence. Ici, des femmes, bien décidées à prendre leur pouvoir, pensent encore que pour « réussir », elles doivent se substituer aux hommes dans un univers machiste. Là, des hommes, bien décidés à s’extraire du patriarcat, assument voire revendiquent leurs larmes. « Nous vivons dans un paysage sensible bigarré, où persistent encore des codes de l’ancien modèle, estime Saverio Tomasella. Et l’on voit, dans le même temps, émerger des revendications concernant l’identité ou l’expression de genre. » Envoyer valser les marqueurs de sexe nous autorisait donc à vivre notre sensibilité telle qu’on la ressent, en toute liberté ? Voilà une piste à creuser...  

 

Une notion qui fait (encore) peur

Et peut-être même plus qu’il y a trois ans ! Entre la crise sanitaire, la guerre en Ukraine, le réchauffement climatique (...), se laisser aller à sa part sensible peut effrayer. L’endormir permet en effet de se couper de ce que l’on ressent. Comme le souligne Saverio Tomasella, « on se contente d’appliquer des idéologies, des programmes de pensée faciles à appliquer dès lors qu’on adhère au discours. Plus faciles à vivre, aussi, tant la sensibilité, dans toute sa singularité et sa subjectivité, nous pousse à aborder la vie avec profondeur, en écoutant nos sentiments, émotions, et intuitions. Une profondeur qui peut nous déranger, comme déranger les autres. » Eh oui ! Même notre collègue la plus froide, à moins d’être psychopathe (ce qui est assez rare) est douée d’empathie. Il suffit d’exprimer notre colère, notre tristesse ou notre peur pour réveiller chez elle des émotions miroirs. « Et cela, dans une société qui laisse encore bien trop peu de place aux émotions, ce n’est pas admis. Hélas, rappelle Saverio Tomasella, ce sont les gens dont la sensibilité est la plus faible qui créent les normes sociales. »

 

L’ultrasensibilité, une chance pour le monde

Pourtant, l’ultrasensibilité en tant que nouvelle norme sociale apporterait beaucoup. L’accepter pleinement permettrait de valoriser toute forme de sensibilité humaine. « Les gens cesseraient de croire qu’on ne peut pas vivre sans guerre, et seraient plus enclins à prendre soin de la planète, souligne Saverio Tomasella. Les personnalités sensibles étant plus proches du vivant et plus réceptives à ce qui abime la Terre, ce sont elles qui peuvent devenir la locomotive du changement climatique. » Et pas seulement ! Accueillir son ultrasensibilité et, mieux, l’ériger en symbole d’un nouveau paradigme, deviendrait un acte de désobéissance civile, une façon de lutter contre le patriarcat et contre un système sclérosé par les injustices sociales, économiques et climatiques. Et si l’ultrasensibilité était l’avenir de l’humanité ?

Mieux vivre ses émotions

D’après Saverio Tomasella, le premier écueil à éviter serait d’envahir les autres. Il ne s’agit pas de cacher ses émotions, mais d’éviter de bombarder les autres avec nos ressentis. Et pour cela, il est nécessaire de prendre soin de soi. « Plus on reconnait sa sensibilité, plus on apprend à percevoir ce dont on a besoin, comme du repos, et ce que l’on doit fuir, comme l’alcool, le thé et le café. On peut aussi utiliser des techniques de régulation émotionnelle qui fonctionnent : écrire ce que l’on ressent dans un journal intime ou sur des petits bouts de papier à jeter dans une boîte, l’énoncer à haute voix sur des mémos vocaux... Nécessaire aussi : poser des limites saines, en apprenant à décliner une invitation si l’on considère que l’on a besoin de repos ou de solitude ». 

 

* À LIRE

- Ultrasensibles, Vuibert, 2023 (BD).

- Lettre ouverte aux âmes sensibles qui veulent le rester, Larousse, 2021.

- Osez votre singularité - Cessez de vivre une vie qui ne vous ressemble pas et lancez-vous ! Eyrolles, 2022.

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La haute sensibilité, HPS ou sensibilité élevée

BD Ultrasensibles sur la haute sensibilité  (HPS)

​Cette BD propose le test le plus récent.

Livre : Lettre ouverte aux âmes sensibles (HPS)
 Livre : Ultrasensibles au travail (HPS)
Livre sensibilité et amour : Attention coeurs fragiles (HPS)
Guide : 50 exercices pour les ultrasensibles (HPS)

Depuis plus de 25 ans, mes recherches concernent toutes les formes de sensibilité, et plus particulièrement la sensibilité élevée (ultrasensibilité ou haute sensibilité) chez les enfants, les adolescents et les adultes, quelles que soient ses origines. Elles mettent en valeur la très grande diversité des sensibilités, en distinguant nettement l’hypersensibilité, souvent mal vécue et liée à des troubles physiques ou psychiques (voir la section QR après le test), de l’ultrasensibilité ou haute sensibilité, bien vécue, centrée sur les synesthésies, la sociabilité, l’empathie, l’intuition et la création.

Dans le monde francophone, un consensus récent de thérapeutes et de chercheurs semble se former autour de l’appellation “Haut Potentiel Sensible” (HPS), pour mettre en valeur la haute sensibilité ou sensibilité élevée comme un trésor précieux à développer, protéger et déployer dans tous les aspects de sa vie.

 

Quelques informations importantes sur la haute sensibilité

* Les concepts de haute sensibilité et de personne hautement sensible (PHS) ont été proposés par Elaine Aron en 1996.

* Malgré une récente habitude française, il vaut mieux parler de haute sensibilité, de grande sensibilité ou d’ultrasensibilité pour désigner les sensibilités plus élevées que la moyenne.

Hyper est un préfixe péjoratif qui désigne un excès, au contraire de ultra qui est valorisant et laudatif. Les poètes comme Baudelaire utilisaient déjà le mot "ultrasensibilité", au 19e siècle.

   - Hyper = trop, un excès de

   - Ultra = très, le degré le plus élevé de

Hypersensibilité est un terme médical, synonyme d’allergie ou d’intolérance.

Hypersensible est devenu une étiquette surutilisée, y compris par des personnes qui ne sont pas ultrasensibles.

 Elaine Aron elle-même nous invite à employer, comme tous les anglo-saxons, les appellations "haute sensibilité" et "personne hautement sensible".

 Ses arguments sont les mêmes que les miens. Elle insiste sur la nécessité de distinguer la haute sensibilité de l'hypersensibilité. “Hyper” indique que quelque chose est trop ou anormalement élevé. L'hypersensibilité fait partie de divers troubles tels que l'allergie, l'asthme, l'eczéma, le psoriasis, le syndrome du côlon irritable, les troubles du spectre autistique, la neurasthénie et la schizophrénie

* Les chercheurs estiment qu'environ 30 % de la population est très sensible (hautement sensible).

Deux études de 2018 donnent 31 % de personnes dans le monde ; la moitié des personnes particulièrement sensibles le vit bien (selon une étude de 2019).

            1) Etude sur des adultes :

Lionetti, F., Aron, A., Aron, E. N., Burns, G. L., Jagiellowicz, J., & Pluess, M. (2018). Dandelions, tulips and orchids: evidence for the existence of low-sensitive, medium-sensitive and high-sensitive individuals. Translational Psychiatry, 8(1). doi:10.1038/s41398-017-0090-6    

            2) Etude sur des enfants de 10 à 15 ans :

Pluess, M. Assary, E. Lionetti, F. Lester, K. Krapohl, E. Aron, E. & Aron, A. (2018). Environmental Sensitivity in Children: Development of the Highly Sensitive Child Scale and Identification of Sensitivity Groups, Developmental Psychology, Vol. 54, No 1, p. 51–70.

* Contrairement aux idées reçues, avoir une âme sensible, ou être une âme sensible, est une merveilleuse qualité ! Oui, la sensibilité est l'avenir du monde. Personne n'est trop sensible, car personne n'est jamais trop vivant ou trop humain. Notre sensibilité est notre force. Nous n'avons rien à faire, simplement être.

 

* Les personnes hautement sensibles ou fort sensibles n'ont pas besoin de s'adapter aux critères et aux normes du reste de la population : elles peuvent vivre telles qu'elles sont, fières de leur sensibilité particulière.

 

* ll existe mille et une façons d’être hautement sensible.

Une haute sensibilité est caractérisée par une rapide sur-stimulation qui débouche sur une saturation et un besoin de repos. Elle peut se manifester sous plusieurs formes : sur-esthésie, sur-émotivité, sur-empathie, sur-cognition ou sur-réaction (traumatique le plus souvent, ou due à une maladie, un burn out, un bouleversement hormonal).

Une sensibilité élevée comprend au moins deux de ces formes, parfois plus, rarement toutes à la fois, alors que dans le langage courant on associe seulement les deux premières (sensations + émotions).

 

* Au-delà des synonymes, nécessaires pour désigner la complexité très nuancée des sensibilités élevées et atypiques, il existe un lien fondamental, essentiel, intrinsèque, entre sensibilité et intelligence. Notre intelligence se développe forcément à partir de notre sensibilité. Voilà pourquoi je parle d’intelligence sensible et affirme que les ultrasensibles sont des surdoués de la sensibilité.

 

Extrait

"Une des premières sources d'exacerbation mal vécue de la sensibilité provient simplement du dépassement d'un seuil qui correspond à ce qui, pour chacun, est la limite entre ce qu'il est possible de supporter et ce qu'il n'est pas possible (ou ne semble pas possible) de supporter. Au-delà de ce qui nous est supportable, nous pouvons devenir intolérants : à la douleur, à la lumière, au bruit, au travail, au changement, à la réflexion, à la présence de l'autre, sa parole, son odeur, etc. Nous pouvons perdre patience et nous sentir envahis d'émotions incontrôlables. Ce seuil de tolérance est d'autant plus bas que nous sommes fatigués, saturés, surmenés ou déjà affectés par une épreuve (traumatisme ou deuil, au sens large)."

Saverio Tomasella, Hypersensibles : Trop sensibles pour être heureux ?, Eyrolles.

Révolution sensible, révolution féministe

L’ultrasensibilité est bien plus qu’une notion à la mode, mais la capacité de changer le monde !

Texte de Vanessa Krstic, pour New Witch (04/2022).

 

Vous êtes à fleur de peau ? Les sons, lumières ou odeurs vous indisposent facilement ? L’injustice vous rend malade, le manque d’authenticité vous gêne ? La nature, les animaux et l’art apaisent vos maux ? Vous manquez de confiance ? Vous vous sentez fatiguée après un coup de stress ou trop de stimulation ? Vous débordez de créativité... ? Sans doute faites-vous partie des 20 millions de français hypersensibles, ou plutôt ultrasensibles, comme préfère les appeler Saverio Tomasella, psychanalyste et auteur*, pour qui le préfixe « hyper » est porteur d’une notion (péjorative) d’excès. Reste que si l’ultrasensibilité fût longtemps associée à une forme de faiblesse, elle est aujourd’hui l’expression d’une force à canaliser qui pourrait bien participer à l’avènement d’un monde meilleur. Un monde plus respectueux du vivant, plus ouvert aux mystères de la nature comme à la spiritualité laïque, et au féminin sacré présent en chaque être.

 

Une histoire de (la) sensibilité

Contrairement aux idées reçues, la sensibilité exacerbée n’a pas toujours été socialement rejetée. Comme le rappelle Saverio Tomasella, elle était même à l’honneur du XVIe au XVIIIe siècle dans les milieux cultivés : « Verser des larmes avec sincérité montrait la capacité à éprouver les sentiments humains. Un homme incapable de pleurer en public était perçu comme mal éduqué. Cela a changé à la fin du XVIIIe siècle, après que Napoléon Bonaparte instaura le Code Civil français et, avec lui, l’incapacité juridique de la femme mariée... signant le retour à un patriarcat féroce. La Révolution française n’a pas aidé : un nouveau modèle, dicté par la productivité, la rentabilité et le profit a connecté l’homme à un référentiel mécanique, et non plus humain. » Forcément, ce système tenu par les hommes a renforcé le machisme, éradiquant le droit à la sensibilité chez les hommes, et l’assimilant à l’« hystérie féminine ». Il faudra attendre 1996 pour que la psychologue et chercheuse en psychologie américaine Elaine Aron ne définisse le concept de « haute sensibilité », et quasiment vingt ans de plus pour que l’on commence à en parler en France comme d’une force, pas toujours facile à assumer.

 

Une question de genre ?

Les études le montrent : il y a autant d’hommes que de femmes ultrasensibles. D’ailleurs, selon une étude IPSOS réalisée pour Gilette en 2019, 87% des Français se considèrent comme sensibles, et 84% pensent qu’« être un homme sensible est positif, il faut en finir avec les stéréotypes ». Belle avancée ! Pourtant, selon Saverio Tomasella, si de plus en plus d’hommes osent avouer leur ultrasensibilité, il existe encore une différence dans l’expression des émotions masculines et féminines... et la biologie n’est pas en cause. Selon l’expert, beaucoup d’hommes restent encore attachés à l’idée qu’ils ne doivent pas pleurer. Mieux vaut se montrer en colère, histoire d’exprimer sa sensibilité avec virilité ! Et nous ? Il suffit de manifester une pointe d’agressivité pour être taxée de folle furieuse et accusée d’avoir « pété les plombs ». Mais les lignes bougent, se croisent et se décroisent en permanence. Ici, des femmes, bien décidées à prendre leur pouvoir, pensent encore que pour « réussir », elles doivent se substituer aux hommes dans un univers machiste. Là, des hommes, bien décidés à s’extraire du patriarcat, assument voire revendiquent leurs larmes. « Nous vivons dans un paysage sensible bigarré, où persistent encore des codes de l’ancien modèle, estime Saverio Tomasella. Et l’on voit, dans le même temps, émerger des revendications concernant l’identité ou l’expression de genre. » Envoyer valser les marqueurs de sexe nous autorisait donc à vivre notre sensibilité telle qu’on la ressent, en toute liberté ? Voilà une piste à creuser...  

 

Une notion qui fait (encore) peur

Et peut-être même plus qu’il y a trois ans ! Entre la crise sanitaire, la guerre en Ukraine, le réchauffement climatique (...), se laisser aller à sa part sensible peut effrayer. L’endormir permet en effet de se couper de ce que l’on ressent. Comme le souligne Saverio Tomasella, « on se contente d’appliquer des idéologies, des programmes de pensée faciles à appliquer dès lors qu’on adhère au discours. Plus faciles à vivre, aussi, tant la sensibilité, dans toute sa singularité et sa subjectivité, nous pousse à aborder la vie avec profondeur, en écoutant nos sentiments, émotions, et intuitions. Une profondeur qui peut nous déranger, comme déranger les autres. » Eh oui ! Même notre collègue la plus froide, à moins d’être psychopathe (ce qui est assez rare) est douée d’empathie. Il suffit d’exprimer notre colère, notre tristesse ou notre peur pour réveiller chez elle des émotions miroirs. « Et cela, dans une société qui laisse encore bien trop peu de place aux émotions, ce n’est pas admis. Hélas, rappelle Saverio Tomasella, ce sont les gens dont la sensibilité est la plus faible qui créent les normes sociales. »

 

L’ultrasensibilité, une chance pour le monde

Pourtant, l’ultrasensibilité en tant que nouvelle norme sociale apporterait beaucoup. L’accepter pleinement permettrait de valoriser toute forme de sensibilité humaine. « Les gens cesseraient de croire qu’on ne peut pas vivre sans guerre, et seraient plus enclins à prendre soin de la planète, souligne Saverio Tomasella. Les personnalités sensibles étant plus proches du vivant et plus réceptives à ce qui abime la Terre, ce sont elles qui peuvent devenir la locomotive du changement climatique. » Et pas seulement ! Accueillir son ultrasensibilité et, mieux, l’ériger en symbole d’un nouveau paradigme, deviendrait un acte de désobéissance civile, une façon de lutter contre le patriarcat et contre un système sclérosé par les injustices sociales, économiques et climatiques. Et si l’ultrasensibilité était l’avenir de l’humanité ?

Mieux vivre ses émotions

D’après Saverio Tomasella, le premier écueil à éviter serait d’envahir les autres. Il ne s’agit pas de cacher ses émotions, mais d’éviter de bombarder les autres avec nos ressentis. Et pour cela, il est nécessaire de prendre soin de soi. « Plus on reconnait sa sensibilité, plus on apprend à percevoir ce dont on a besoin, comme du repos, et ce que l’on doit fuir, comme l’alcool, le thé et le café. On peut aussi utiliser des techniques de régulation émotionnelle qui fonctionnent : écrire ce que l’on ressent dans un journal intime ou sur des petits bouts de papier à jeter dans une boîte, l’énoncer à haute voix sur des mémos vocaux... Nécessaire aussi : poser des limites saines, en apprenant à décliner une invitation si l’on considère que l’on a besoin de repos ou de solitude ». 

 

* À LIRE

- Ultrasensibles, Vuibert, 2023 (BD).

- Lettre ouverte aux âmes sensibles qui veulent le rester, Larousse, 2021.

- Osez votre singularité - Cessez de vivre une vie qui ne vous ressemble pas et lancez-vous ! Eyrolles, 2022.

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