Accompagnement thérapeutique
* Pour trouver une personne formée par l'Observatoire de la sensibilité (psychologue ou thérapeute), vous pouvez vous rendre à la rubrique "Annuaire" du site de l'observatoire.
* Pour une thérapie par la méthode Vittoz, consultez le site Vittoz IRDC.
* Pour la presse, les conférences, les podcasts, contacter les éditeurs.​
* Un guide pour accompagner les élèves ultrasensibles : Fragile Power.
* Une pétition pour le respect et la valorisation de la sensibilité : chng.it/bnpV5R5ZyH.
* Un jeu pour aider votre enfant à apprivoiser ses émotions : L’Arc-en-ciel des émotions
Qu'est-ce que l'empathie "toxique" ?
Quand on entretient une relation saine avec quelqu'un (que cette relation soit amoureuse, professionnelle, amicale ou familiale), l'empathie est équilibrée : "Je ressens autant de compassion pour toi que j'en ressens pour moi. Je ressens autant d’empathie ou de compassion pour l’autre que j’en ressens pour moi-même. Nous sommes aussi importants l'un que l'autre à mes yeux".
Si la relation bascule dans la maltraitance (c'est-à-dire s'il y a des violences verbales, physiques, sexuelles ou psychologiques), c'est cette empathie équilibrée qui sonne l'alarme : "Il se passe quelque chose d'anormal, je dois me protéger". Cependant, chez certaines personnes, le sens de l'empathie est "déréglé". Un "dérèglement" qui vient généralement de l'enfance : ce sont souvent des personnes qui ont été négligées par leurs parents, maltraitées par leurs parents ou d’autres personnes, ou qui ont même été dans l'obligation de prendre soin de leurs proches – on parle alors d’enfant thérapeute. Dans ces circonstances, l'enfant n'intègre pas sa propre importance, sa propre empathie pour lui-même : elle ou il se retrouve conditionné(e) à prendre soin d'autrui au détriment de ses propres limites et besoins.
L'empathie devient toxique ou destructrice lorsque l’on fait passer l’autre avant soi, qu’on lui trouve des excuses ou des justifications, que l’on cherche à l’aider, tout cela au détriment de soi-même, de son équilibre et de sa santé. L’empathie toxique constitue une forme extrême de déséquilibre. Pour parvenir à retrouver des relations saines et une empathie équilibrée, une thérapie est indispensable.
Saverio Tomasella, 25 juin 2025.
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Conscience et perversion
Dans les relations toxiques, la volonté de nuire est-elle consciente, présente à tout moment ?
Le terme de « relations toxiques » est contesté. Que veut-il dire exactement ? à quoi renvoie-t-il ? Le risque le plus grave avec ce thème est de désigner l’autre comme mauvais, néfaste, sans prendre la part de sa propre responsabilité, voire de ses ombres et de sa propre toxicité, manipulation, perversion… Personne n’est parfait, et le monde n’est pas divisé en bons et mauvais.
Dans les relations dysfonctionnelles ou problématiques, ou même destructrices, il peut ne pas y avoir de volonté de nuire, mais par exemple codépendance progressivement destructrice, ou folie.
Lorsqu’il y a vraiment volonté de nuire, oui, elle est consciente, même si elle peut ne correspondre qu’à une partie de la personne, ou être récurrente mais non permanente, ou même si elle est niée.
On a l’impression que certains comportements néfastes envers autrui peuvent être volontaires et d’autres inconsciemment malsains, selon le type d’emprise peut-être.
Oui, c’est tout à fait le cas. Ces situations sont très complexes. Il est d’ailleurs bienvenu de parler d’emprise ou de perversion, mais d’éviter les appellations à la mode en France : « perversion narcissique » ou « pervers narcissique », qui présentent une contradiction dans les termes et n’existent pas à l’étranger. Il vaut mieux alors parler de sociopathie.
La personne qui arrive à se convaincre qu’elle fait tout cela pour de bonnes raisons est-elle en train de nuire volontairement à l’autre ?
Parfois oui, vraiment, et délibérément ; parfois non. Cela dépend de ce que l’on se raconte et de ce que l’on raconte aux autres pour justifier ses agissements. Certaines personnes savent très bien qu’elles manipulent, humilient torturent l’autre, tout en adoptant un discours d’explication rationnelle pour manipuler l’entourage, comme dans la maltraitance des enfants, l’inceste, la violence contre les femmes, le racisme, les guerres, les génocides. Les pires pervers, sociopathes et psychopathes sont extrêmement normaux, impeccables même, dans leurs discours, leur morale affichée et leurs comportements sociaux.
La personne qui se victimise pour obtenir ce qu’elle veut est-elle vraiment consciente de son fonctionnement, le fait-elle sciemment ?
Le plus souvent, oui, elle en est consciente, dans son for intérieur, au-delà de la façade et des illusions ou des faux-semblants des discours qu’elle profère.
Bien sûr, il y a des familles où la tendance est de se victimiser, alors on fait comme ses parents, ses grands-parents, en ayant l’impression que c’est « normal », mais la conscience profonde ne peut jamais être complètement leurrée.
Les nazis ont nié l’atrocité de leurs comportements tant qu’ils étaient au pouvoir, mais une fois venue l’heure de leur procès à Nuremberg, ils savaient pertinemment qu’ils avaient eu complètement tort d’agir ainsi, sans l’ombre d’un doute. Le procès d’Eichmann à Jérusalem (voir les documents vidéos) et son récit par Hannah Arendt, montrent bien qu’Eichmann était très conscient de ce qu’il faisait, et que rien de réel ne pouvait le justifier.
Est-ce différent selon le degré de perversion ?
Très probablement. On ne peut pas évincer cette hypothèse : il y a certainement des degrés de perversion, comme il y a des petits trafics et de grandes escroqueries, de petites délinquances et de terribles machinations dominatrices et destructrices.
Sinon, est-ce que cela découle des traits de personnalité narcissique que présente la personne ?
Certains psychologues Américains parlent beaucoup de "personnalités narcissiques", mais il vaut mieux laisser cela de côté pour se centrer sur la perversion (ou la sociopathie). Cela crée de la confusion dans l’esprit de tout le monde, psys y compris, d’autant que personne n’est d’accord sur ce qu’est le narcissisme, ou s’il est bon ou mauvais, etc., alors que, sans aucun doute, la perversion est un fléau, partout et tout le temps.
Rien ne pourra jamais la justifier.
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Saverio Tomasella, 30 juin 2024.
Poèmes écrits pendant une thérapie
Oser rire, chanter, bouger et danser.
Oser, sans crainte, partager tristesse et joie mêlées.
Oser vivre sa différence dans la paix et l'insouciance.
Oser tendrement confier ses trésors, ses secrets.
Oser l'mitié en toute simplicité.
Oser se montrer telle que l'on est... et aimer !
MS
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À toi qui a oublié comment t'émerveiller,
et dont le cœur attristé cherche à se protéger.
À toi qui ne sait plus, terrassée par la peur,
aller vers l'inconnu pour trouver le bonheur.
À toi dont le sourire sur tes lèvres, figé,
n'est que masque de cire qui ne cesse de tromper.
À toi, je confie mes pensées féériques, mes rêves fantastiques aux pouvoirs magiques,
mes plus beaux souvenirs, ceux qui aident à grandir, qui donnent du plaisir.
Avec toi, je partage mes mots les plus doux mais aussi les plus fous, qui consolent de tout,
mes gestes de tendresse, qui câlinent, qui caressent, éloignent ta détresse avec délicatesse.
MS
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Vous m'avez accueillie, souriant, la main tendue,
et votre sollicitude, votre douce présence sont venues lentement
me rendre l'espérance que je croyais à tout jamais perdue.
Quand les mots refusent de dévoiler ce qui m'attriste et m'oppresse en secret,
votre regard si bienveillant posé sur moi me réconforte et m'aide à retrouver ma voix.
C'est alors que j'ose enfin vous confier, maladroitement et souvent avec difficultés,
des souvenirs en moi si longtemps refoulés, de ceux qui simplement empêchent d'avancer.
Même si le chemin est long et difficile pour arriver à me comprendre, à m'accepter et à m'aimer,
À vivre librement mes émotions, ma sensibilité, guidée par vos soins, à petits pas, je le suivrai.
Et dès maintenant, je tiens à vous remercier pour votre bonté, votre humanité,
Pour tout ce que vous m'avez appris, qui me donne l'envie d'enfin vivre ma vie !
MS
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Guérir de nos traumatismes
Différence trauma et traumatisme
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Le trauma désigne l’évènement : l’accident, la catastrophe, le drame.
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Le traumatisme est la conséquence personnelle de cet évènement et sa persistance dans le présent.
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L’idée de stress post-traumatique est remise en question.
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On parle plutôt de syndrome traumatique.
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Traumatismes du développement
Les traumatismes complexes sont des "traumatismes cumulatifs", une réalité mise en évidence par des psychanalystes britanniques de la deuxième moitié du 20e siècle, comme M. Balint, M. Khan et D. Winnicott. Le traumatisme cumulatif est un traumatisme relationnel ou un traumatisme du développement. Lorsqu’il concerne la petite enfance on parle de traumatisme précoce.
1. Une exposition prolongée :
Le traumatisme cumulatif découle de situations où l'individu est exposé à des perturbations relationnelles de manière continue ou répétée sur une longue période. Cela concerne l’inceste, les abus chroniques, la négligence, les maltraitances physiques ou morales, le harcèlement, les brimades, l’intimidation, les manipulations ou des violences domestiques même peu visibles.
2. Un impact cumulatif :
Les effets traumatiques s'accumulent au fil du temps, affectant de manière croissante la santé mentale et émotionnelle de l'individu. Chaque nouvel évènement traumatisant exacerbe les symptômes existants et rend la guérison plus difficile.
3. Un développement précoce :
Les traumatismes complexes surviennent durant l'enfance ou l'adolescence, qui sont des périodes cruciales pour le développement du cerveau et de la personnalité. L'impact cumulatif de ces traumatismes peut profondément affecter le développement émotionnel, cognitif et social de l'individu.
4. Des symptômes multiples et variés :
En raison de la nature cumulative des traumatismes, les symptômes peuvent être plus diversifiés et plus sévères que ceux observés dans les traumatismes classiques, notamment des problèmes de régulation émotionnelle, des troubles de la personnalité, des difficultés relationnelles, des comportements autodestructeurs, des addictions.
5. Un traitement complexe et multiple :
la thérapie des traumatismes cumulatifs nécessite une approche multidimensionnelle, particulièrement des approches qui permettent de réguler le système nerveux autonome, donc de favoriser les compétences émotionnelles et relationnelles.
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Critique de l’idée de résilience
L’idée de "résilience" est très populaire, autant dans les sciences humaines et sociales que dans les discours médiatiques et politiques. Elle désigne la capacité d’un individu, d’un groupe ou d’un système à faire face à une crise, à un traumatisme ou à un changement brutal, à s’en remettre, voire à en sortir renforcé. Pourtant cette notion surutilisée fait l’objet de critiques scientifiques sérieuses.
1. Une notion floue :
• Il n’existe pas de définition claire : La résilience est utilisée dans des domaines très variés (psychologie, urbanisme, sociologie, écologie, économie…) sans lien réel entre les définitions.
• Il s’agit d’un concept valise, d’un mot fourre-tout qui désigne des réalités très différentes sans rigueur méthodologique.
• Elle est difficile à mesurer : Comment évaluer objectivement si quelqu’un ou quelque chose est « résilient » ? Les critères sont abstraits et imprécis.
2. Elle exagère la responsabilité individuelle :
• Dans les approches psychologiques, la résilience est centrée sur l’individu.
• Cela entraîne une culpabilisation implicite : si une personne ne "rebondit pas", c’est qu’elle n’est pas assez forte ou pas assez adaptable. On oublie les facteurs structurels, comme les inégalités sociales, les violences systémiques, le soutien communautaire ou institutionnel.
3. On assiste à une instrumentalisation politique et économique :
• Certains chercheurs dénoncent l’usage du concept dans les politiques publiques qui cherchent à déresponsabiliser les institutions : "L’État ou les entreprises n’ont plus à prévenir les crises ou à réparer les torts, c’est à chacun d’être résilient."
• Cette logique est proche de la responsabilité néolibérale : on fait reposer sur les individus la « gestion » de leurs traumatismes, sans transformation sociale.
4. Elle présente des limites empiriques et des effets pervers :
• Complicité et soumission : certaines stratégies de résilience sont adaptatives à court terme, mais nocives à long terme (ex : tolérer une violence au lieu de la dénoncer).
• Récupération du traumatisme : valoriser la résilience peut mener à une survalorisation de la souffrance comme nécessaire à la croissance personnelle, ce qui est inacceptable du point de vue éthique.
5. Critiques épistémologiques :
• La résilience est présentée comme universelle, voire naturelle, alors que c’est une construction sociale et culturelle.
• Elle peut masquer la complexité des trajectoires humaines : tout le monde ne réussit pas forcément à surmonter ses traumatismes, surtout seul. Nous avons besoin des autres pour nous en sortir.
* Résumé des auteurs et approches critiques :
- Didier Fassin, anthropologue et sociologue, analyse comment la notion de résilience peut être utilisée pour dépolitiser les souffrances sociales. Dans son ouvrage La société qui vient, il souligne que la résilience, en mettant l'accent sur la capacité individuelle à surmonter les traumatismes, peut détourner l'attention des causes structurelles des inégalités et des violences sociales. Dans un entretien accordé au Vif, Fassin discute de la banalisation des crises et de la manière dont elles sont perçues dans nos sociétés contemporaines. Dans sa leçon inaugurale au Collège de France, il affirme que ce que l'on appelle "crise" est toujours une construction sociale, remettant en question la manière dont les sociétés interprètent et réagissent aux évènements perçus comme critiques.
- Michel Agier, anthropologue, explore la condition des exilés et des réfugiés, mettant en lumière les limites de la résilience face aux politiques migratoires restrictives. Il souligne que la résilience, lorsqu'elle est exigée des individus sans transformation des structures d'accueil et de soutien, peut devenir une injonction injuste et inefficace.
- Barbara Ehrenreich critique le "positive thinking" Dans son ouvrage Smile or Die: How Positive Thinking Fooled America and the World, Barbara Ehrenreich critique l'obsession culturelle pour la pensée positive, qui est souvent liée à la notion de résilience. Elle argue que cette focalisation sur l'optimisme individuel peut minimiser les réalités sociales difficiles et détourner l'attention des réformes nécessaires.
- David Chandler, spécialiste des relations internationales, examine comment la résilience est intégrée dans les politiques de gouvernance néolibérale. Dans son livre Resilience: The Governance of Complexity, il explique que la résilience est souvent utilisée pour transférer la responsabilité de la gestion des risques et des crises des institutions vers les individus, renforçant ainsi des structures de pouvoir existantes., et affaiblissant d’autant plus les personnes vulnérables.
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La théorie polyvagale apporte un réel changement de paradigme
La théorie polyvagale a été développée par le Dr Stephen Porges, professeur de psychiatrie aux États-Unis. Elle explique comment notre système nerveux autonome (SNA) réagit aux menaces et aux traumas. Selon cette théorie, le nerf vague, qui fait partie du système nerveux parasympathique, joue un rôle clé dans la régulation des réponses au stress.
La théorie polyvagale distingue trois sous-systèmes du système nerveux autonome :
1. Le système vagal ventral :
Associé aux interactions sociales et à la communication, il favorise le calme, la confiance et la créativité.
2. Le système sympathique :
Responsable de la réaction de "combat, fuite ou rejet", il mobilise le corps pour faire face à une menace.
3. Le système dorsal vagal :
Activé en dernier recours, il entraîne une réponse de "figement", d’immobilisation, de sidération, ou de dissociation lorsque les autres stratégies échouent.
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Certaines thérapies intègrent les principes de la théorie polyvagale pour aider les personnes souffrant de traumatismes complexes.
Voici quelques exemples :
- La thérapie sensorimotrice utilise des techniques corporelles pour aider les patients à réguler leur système nerveux autonome et à intégrer les expériences traumatiques.
- La cohérence cardiaque s’appuie sur des techniques de respiration pour améliorer la fréquence cardiaque, ce qui aide à réguler le système nerveux autonome.
- La thérapie par le mouvement utilise le mouvement corporel pour aider les patients à se reconnecter à leurs sensations physiques et à réguler leur système nerveux.
- La méthode Vittoz, pratique de la présence attentive à son corps et à ses ressentis, renforce le nerf vague ventral, favorisant le calme et la confiance.
- La thérapie par le toucher neuro-affectif : Certaines formes de toucher thérapeutique aident à réguler le système nerveux autonome et permettent réduire les symptômes de stress. Ces thérapies permettent de se libérer du stress traumatique engrammé dans la mémoire du corps. Elles favorisent également le bien-être, les relations avec les autres et la créativité.
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Difficultés de traduction pour "safe" et "safety"
La traduction des mots "safe" et "safety" de l'anglais vers le français peut effectivement être délicate, surtout dans des contextes spécifiques comme la théorie polyvagale.
- Safe : En fonction du contexte, "safe" peut être traduit par "sûr" ou "protégé". Dans le cadre de la théorie polyvagale, il peut être pertinent de considérer des traductions qui évoquent un sentiment de confort ou de bien-être, comme "en confiance".
- Safety : Ce mot peut être traduit par "sûreté" ou "fiabilité" ; dans un sens plus émotionnel ou psychologique, des termes comme "bien-être" ou "sérénité" pourraient mieux capturer l'idée de se sentir sûr sur le plan affectif. Parfois, une combinaison de mots peut être nécessaire pour transmettre la richesse sémantique de l'anglais. Par exemple, "sentiment de fiabilité" ou "confiance en soi" peuvent être des options valables.
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Il s'agit d'un enjeu central dans la traduction des concepts de la théorie polyvagale (Stephen Porges, Deb Dana), où la nuance sémantique de "safe" et "safety" en anglais est effectivement difficile à rendre en français.
1. "Sécurité" : le choix courant, mais réducteur
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Pourquoi c'est utilisé ? "Sécurité" est souvent retenu car il évoque une protection contre les dangers (physiques ou psychologiques).
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Limites :
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"Sécurité" en français a une connotation externe (sécurité physique, sociale), institutionnelle et politique (sécurité publique), alors que "safety" en anglais inclut une dimension interne (sentiment de protection, de calme).
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Il manque la notion de confiance et de connexion (essentielle dans la théorie polyvagale), ainsi que l’idée de "sain et sauf" (être intact, préservé).
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2. "Sûr" ou"sûreté" : une piste plus fidèle ?
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Avantages :
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"Sûr" (adjectif) et "sûreté" (nom) captent mieux l’idée de certitude interne et de fiabilité (ex. : "se sentir sûr" = "to feel safe").
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"Sûreté" a une dimension psychologique (ex. : "sûreté affective"), proche de l’anglais "safety" dans le sens de "bien-être profond".
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Historique : "Sûr" vient du latin "securus" (sans souci), comme "safe" en anglais.
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Limites :
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Peut sembler abstrait pour décrire une expérience sensorielle (ex. : la détente du système nerveux).
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3. Autres options : "Confiance", "Bien-être", "Calme"
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Confiance (ou fiabilité) :
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Central dans la théorie polyvagale (lien entre sécurité et capacité à se connecter aux autres).
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Bien-être :
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Évoque le confort, mais manque la dimension de protection active (ex. : "safety behaviors" = comportements de protection).
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Calme :
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Un état parmi d’autres dans la "safety".
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4. Combiner les termes
Pour rendre la richesse de "safety" dans la théorie polyvagale, une approche contextuelle peut être utile :
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"Protection" : pour les aspects neurophysiologiques (ex. : "neuroception de protection").
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"Sûreté" ou "sentiment de sûreté" : pour les dimensions psychologiques (ex. : "la sûreté relationnelle").
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"Bien-être rassurant" ou "calme confiant" : pour les descriptions expérientielles (ex. : "un état de bien-être sécurisant").
5. Exemples concrets de traduction
- "Feeling safe" : "Se sentir en sûreté"
-"Safety cues" : "Signaux de sûreté"
- "Safe and sound" : "Sain et sauf"
- "Social engagement system (safe state)" : "Système d’engagement social (état de sûreté)"
Il est important de respecter l’accent mis sur la connexion et la confiance.
Aucun terme n’est parfait, mais voici une suggestion pragmatique :
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Privilégier "sûreté" pour les concepts clés (ex. : "neuroception de sûreté"), car il capture à la fois la confiance et l’absence de menace.
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Utiliser "fiabilité" pour la connexion avec soi-même et avec les autres, ou pour décrire l'environnement.
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Ajouter des précisions en contexte (ex. : "un état de calme et de sûreté interne").
Pourquoi "stabilité" pourrait aussi convenir :
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Dimension physiologique : "Stabilité" évoque un équilibre interne, ce qui correspond bien à l’état de régulation du système nerveux autonome décrit par Porges (ex. : l’équilibre entre le système sympathique et le système parasympathique ventral).
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Exemple : "Un état de stabilité vagale" pourrait traduire "A state of vagal safety".
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Nuance de durabilité : "Safety" en anglais implique souvent une protection continue (pas seulement un moment de calme). "Stabilité" suggère cette idée de pérennité, ce qui est pertinent pour décrire un état neurophysiologique durable.
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Lien avec la régulation : Dans la théorie polyvagale, "safety" est aussi lié à la capacité à revenir à un état régulé après une menace. "Stabilité" capte cette idée de retour à l’équilibre.
Pour être plus précis, "stabilité" pourrait être combiné avec d’autres termes :
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"Stabilité rassurante" : pour insister sur la dimension de protection.
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"Stabilité relationnelle" : pour inclure l’aspect social.
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"Stabilité neurophysiologique" : pour un contexte plus technique.
"Stabilité" est une excellente option pour :
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Les contextes physiologiques (ex. : régulation du système nerveux).
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Les descriptions d’états internes durables (ex. : "un ancrage dans la stabilité").
En revanche, pour les aspects relationnels ou subjectifs, il est préférable de l’associer à d’autres termes ("stabilité rassurante", "stabilité relationnelle") ou d’utiliser "fiabilité", "sûreté","se sentir sûr"...
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Cette synthèse correspond à ce que j'ai découvert au fil des années, à l'écoute de mes patients et des spécialistes américains de la théorie polyvagale.
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Saverio Tomasella, 27 septembre 2025.
Pour aller plus loin : Guérir de nos traumatismes, Eyrolles, 2025.
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Le Dr Saverio Tomasella est l’un des principaux spécialistes des traumatismes complexes et de la haute sensibilité (ou ultrasensibilité) dans le monde francophone. Son apport se décline en plusieurs aspects :
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Conceptualisation et diffusion :
Il a contribué à populariser le concept de sensibilité élevée (ou ultrasensibilité) en France, en le rendant accessible au grand public et en l’ancrant dans une approche psychanalytique et clinique. Contrairement aux approches anglo-saxonnes plus neuroscientifiques, il insiste sur l’importance des vécus émotionnels et de la croissance personnelle des personnes ultrasensibles. -
Création de l’Observatoire de la sensibilité en 2016 :
Cet organisme vise à approfondir la connaissance sur la sensibilité, à favoriser les échanges entre chercheurs et professionnels, et à proposer des outils concrets aux personnes concernées. -
Promotion de la Journée mondiale de la sensibilité (13 janvier) :
Il a initié cette journée en 2019 pour sensibiliser le grand public et encourager la reconnaissance des personnes hautement sensibles dans différents milieux (travail, éducation, relations sociales). -
Publications et vulgarisation :
Saverio Tomasella a publié plusieurs ouvrages de référence sur la haute sensibilité, notamment :-
Hypersensibles – Trop sensibles pour être heureux ?, Eyrolles
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À fleur de peau (roman et BD), Leduc
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Attention cœurs fragiles, Eyrolles
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Ultrasensibles au travail, Eyrolles
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Ultrasensibles (BD), Vuibert
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Le sentiment d'abandon, Eyrolles
Ces ouvrages ont contribué à déstigmatiser la haute sensibilité en mettant en avant ses atouts et en proposant des pistes pour mieux la vivre au quotidien.
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Accompagnement clinique et formation :
Il propose un accompagnement spécialisé pour les individus traumatisés, ainsi que pour les personnes ultrasensibles. Il forme également des thérapeutes à mieux comprendre et prendre en charge ces caractéristiques dans leur pratique.
Son travail a permis de changer le regard sur la haute sensibilité, en valorisant ses aspects positifs et en donnant des clés pour surmonter les difficultés qu’elle peut engendrer.
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